Stratégie communale de gestion des services urbains de base
Le contexte national et local
Ancienne colonie française ayant acquis son indépendance en 1960, le Burkina Faso est un pays membre de l’Union Africaine (UA) et de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Son territoire est d’une superficie de 274 200 km2. Sa population était estimé à 14 259 000 habitants avec une proportion de population urbaine de 18,3 % (Encyclopédie de l’État du Monde, 2007). À l’image des autres pays africains, l’accroissement urbain s’intensifie rapidement. La capitale du pays est la ville d’Ouagadougou.
Encadré 1
Statistiques relatives au Burkina Faso
- Indice de Développement Humain (IDH) : 176e sur 177 pays en lice
- Population vivant sous le seuil de la pauvreté : 55,8 %
- Population ayant accès à l’eau potable : 61 %
- Population ayant accès aux services d’assainissement : 13 %
- Population ayant accès à l’électricité : 7 %v
Sources : PNUD, 2008
Le Burkina Faso est un pays qui connaît de nombreuses difficultés aux niveaux économique, écologique et humain. Certaines statistiques du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sont révélatrices des conditions précaires avec lesquelles doivent composer les Burkinabés (Encadré 1). Ces conditions défavorables tendent à s’accentuer principalement dans les milieux urbains compte tenu de l’urbanisation rapide dans tout le pays.
Décentralisation, compétences et démocratie locales au Burkina Faso
Au tout début des années 90, la mise en œuvre de la décentralisation fait l’unanimité auprès des acteurs politiques et de la société civile du pays : le processus de réorganisation administrative débute rapidement. En 1991, le principe de la libre administration des collectivités territoriales est approuvé par la Constitution. Au fil des ans, l’application de la législation précise le cadre administratif des collectivités territoriales.
Les collectivités territoriales comprennent les provinces et les communes. La province est un échelon intermédiaire entre l’État et la commune urbaine ou rurale (moins de 10 000 habitants). Les communes urbaines de Bobo-Dioulasso et de la capitale, Ouagadougou, possèdent un autre échelon territorial : elles sont subdivisées respectivement en trois et cinq arrondissements.
Figure 1 : Carte du Burkina Faso
Selon la Loi, les principales compétences transférées aux communes, dans le cadre de la décentralisation, sont les suivantes :
- droit foncier, aménagement du territoire et urbanisme ;
- développement économique, planification, environnement et gestion des ressources naturelles, santé publique et hygiène ;
- éducation et formation professionnelle ;
- services urbains (Partenariat pour le Développement Municipal, 2003).
Mais quelles sont les capacités de celles-ci à exercer leurs nouvelles responsabilités ? Le manque de ressources financières et humaines et le contrôle décisionnel de l’État central hypothèquent ces capacités.
Le système démocratique est de nature représentative; la démocratie participative est limitée: « La participation locale en dehors des élections, se limite au droit à l’information sur les activités des autorités locales et, à la possibilité de débat public, sur les projets de développement local» (Partenariat pour le Développement Municipal, 2003).
La Commune de Bobo-Dioulasso et le secteur 21
La Commune de Bobo-Dioulasso se situe au sud-ouest du Burkina Faso. Couvrant une superficie de 1 600 km2, elle est le chef-lieu de la province du Houet. Elle comprend trois arrondissements : Dafra, Do et Konsa; ils couvrent vingt-cinq secteurs. Les 35 villages environnants sont également sous son administration. Grâce à sa situation géographique centrale, au cœur des routes reliant le Maghreb aux portes de l’Atlantique, son aménagement est le témoin d’un passé florissant dans les domaines culturel, religieux et commercial. De nos jours, la Commune de Bobo-Dioulasso demeure un centre économique et culturel d’importance pour le Burkina Faso (Konaté, 2006). Située à environ 360 km d’Ouagadougou, elle est la seconde ville en importance. La population de la commune était estimée à 375 831 habitants en 2003 (Ville de Bobo-Dioulasso, 2008).
Le Secteur 21 de la ville de Bobo-Dioulasso a été retenu pour la phase de démonstration d’un Projet d’amélioration des services urbains de base (PASUB). Il a été jugé représentatif des secteurs les plus défavorisés.
Parmi les services urbains problématiques de ce secteur, nous retrouvons :
- la précollecte et la collecte des déchets ménagers solides ;
- l’élimination des eaux usées et des excrétas ;
- l’écoulement des eaux pluviales ;
- l’approvisionnement en eau potable ;
- les voies de communication, notamment en saison pluvieuse.
Il s’agit d’un secteur relativement populeux, avec 44 897 habitants. Cette population se subdivise en 7 875 ménages regroupés en six sous-secteurs (Konaté, 2006). Voyons maintenant en quoi consiste cette démarche innovante de rehaussement de la qualité de vie, à l’image d’une démarche d'agenda 21 local.
Initiateurs du projet
À Bobo-Dioulasso, l’idée de démarrer un projet de développement durable de type participatif origine directement de la mairie. Ayant constaté l’ampleur des enjeux environnementaux et sociaux que connaissait la commune, le maire de Bobo-Dioulasso a réalisé que les moyens traditionnels étaient vains. En octobre 2003, lorsqu'il a participé à la Réunion mondiale des cités durables et Agendas 21 locaux, organisée par l’ONU-Habitat et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Alexandrie (Egypte), il a présenté une requête afin de développer une stratégie innovante et appropriée pour offrir des services urbains de base à sa population.
Une mission a donc été effectuée dans la commune de Bobo-Dioulasso avec des représentants de la commune et du ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat (MITH) pour jeter les bases d'un projet pilote pour le Secteur 21, soit le PASUB. L'objectif était aussi qu`à la fin de l’expérience il puisse être répliqué dans les autres secteurs de la commune.
En février 2004, le PASUB démarrait donc officiellement dans le Secteur 21. Les domaines d’intervention couvraient les principales problématiques urbaines du secteur. Le projet a adopté trois approches de base.
- Une approche communautaire : la communauté est considérée comme le principal acteur et le principal bénéficiaire de l’amélioration des conditions de vie. Le rôle des individus et celui de la collectivité sont indéniables, leur implication est nécessaire au déroulement de la stratégie de développement.
- Une approche intégrée : l'ensemble des besoins des ménages sont pris en compte. Un travail de concertation entre les secteurs d’activités et entre les différents acteurs est primordial en matière de planification, de programmation et de mise en application du développement durable.
- Une approche multidisciplinaire : les différents services techniques ont été interpellés et coordonnés pour résoudre les problèmes de la communauté et accroître l’efficience ainsi que pour réduire les coûts (Konaté, 2006).
Partenaires financiers et techniques du projet
Les principaux partenaires du projet étaient la Commune de Bobo-Dioulasso, l’ONU-Habitat, le Centre international de l’eau et de l’assainissement (IRC) des Pays-Bas, le Centre Régional de l’Eau potable et de l’Assainissement à faible coût (CREPA) d’Ouagadougou, le MITH, le ministère de l’Environnement et du Cadre de Vie (MECV), et finalement, la population du Secteur 21.
En plus de s’impliquer physiquement et intellectuellement dans le démarrage du projet, la Commune a injecté des fonds sous forme de matériel et de ressources humaines. De même, les encouragements extérieurs ont fusé de toute part. L’ONU-Habitat s’est impliqué d’abord financièrement, puis a donné un appui technique pour la formation et la mobilisation des partenaires de développement. Le MITH s’est impliqué au niveau du partenariat national et de l'acquisition de matériel, tels des cartes et des systèmes d’informations géographiques. L’IRC et le CREPA ont offert un soutien technique pour le démarrage et le fonctionnement du projet.
Motivation et objectifs
La principale motivation ayant incité le démarrage de l’initiative du PASUB dans le Secteur 21 de la Commune de Bobo-Dioulasso était l’incapacité de celle-ci à fournir des services urbains de base à toute sa population. La Commune ne disposait pas des ressources humaines, financières, matérielles et institutionnelles requises pour répondre aux besoins de sa population. Compte tenu de l’accroissement démographique intense et du système de taxation municipale inefficace, la Commune ne pouvait pourvoir adéquatement à l’approvisionnement en eau, à l’assainissement et à la gestion des déchets solides, relevant depuis peu de sa compétence.
Encadré 2
Actions réalisées dans le cadre du projet de démonstration
- Évacuation des tas sauvages d’ordures ménagères
- Précollecte des ordures ménagères
- Gestion des eaux usées
- Évacuation des eaux pluviales (curage des caniveaux)
- Approvisionnement en eau potable (micro crédit à l’eau)
- Éducation environnementale et sanitaire
L’engagement des acteurs de la société civile faisait également défaut. D’une part, ils n’avaient pas les moyens d’acquérir le matériel et les installations nécessaires à un assainissement autonome, et d’autre part, ils ne possédaient pas une connaissance suffisante des principes de base de l’assainissement. Un travail important de sensibilisation et de l’éducation était à faire.
Ainsi les trois objectifs du projet étaient les suivants :
- apporter des réponses innovantes, appropriées et efficaces aux problèmes des services urbains de base dans les domaines de l’eau et de l’assainissement, au profit des populations les plus défavorisées ;
- renforcer les capacités de gestion et de planification environnementale urbaine de la Commune et de ses partenaires, dans une perspective de réplication de l’approche du projet dans les autres secteurs de la ville ;
- renforcer les politiques, les capacités institutionnelles et l’appui technique au niveau national. (Konaté, 2006)
Des actions ont été réalisées (Encadré 2) et il semble que l’atteinte de l’objectif de renforcement des capacités ait été satisfaisante : la réplication du projet est en cours.
Déroulement de la démarche : étapes et participation
L’élaboration du projet pilote dans le Secteur 21 a suivi les étapes suivantes (Figure 2) :
- l’élaboration d’un profil environnemental ;
- la validation du profil environnemental ;
- l’élaboration du document de projet ;
- la mise en œuvre du projet.
Figure 2 : Étapes et déroulement de la démarche
Processus participatif : une préoccupation constante
Diffusion
À l’échelle locale, c’est la cellule légère de travail, composée d’acteurs politiques et de personnes ressources, qui a assuré la diffusion du PASUB à travers la population. Il n’y a pas eu de processus officiel de diffusion. Le projet comptait principalement sur l’efficacité du « bouche à oreille ». Finalement, une diffusion du PASUB à l’échelle nationale et régionale a été réalisée entre autres, par l’entremise du Centre régional de l’eau potable et de l’assainissement à faible coût (CREPA).
Formation
Des séances de formation ont été organisées pour renforcer les capacités des acteurs et la structure du PASUB.
- Une formation a été offerte aux membres de la cellule légère de travail sur les thèmes de l’animation et de la conduite de réunions. Cela devait leur permettre d’assurer correctement leur mission de diffusion et de mobilisation.
- les Groupements d’intérêt économique (GIE) et les associations de pré-collecte des ordures ont suivi des formations par les différents services techniques : opérations sanitaires, gestion d’entreprise et techniques d’animation. Un GIEest un groupement de personnalités morales qui mettent en commun certaines de leurs activités afin d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité.
Sensibilisation
Tout le projet repose sur la sensibilisation de la population. L’équipe mise sur le principe de la chaîne de sensibilisation ou l’effet multiplicateur. Par exemple, l’une des réalisations du projet pilote est la rédaction d’un arrêté municipal qui expose les conditions de propreté de la Ville. Toutes les cours des ménages ont donc été visitées pour sensibiliser les familles sur cet arrêté. L’idée n’était pas de donner directement aux populations les solutions en leur distribuant, par exemple, des poubelles gratuites ou en connectant les plus pauvres au réseau d’aqueduc (Coordonnateur du PASUB, communication personnelle). Des moyens humains et financiers modestes étaient injectés dans les campagnes de sensibilisation afin que les mentalités et surtout les pratiques changent. Enfin, il y a eu des efforts de sensibilisation à l’éducation relative à l’environnement (ÉRE) dans les écoles primaires.
p>Outils de participation
Les assemblées générales et les réunions de groupes ont été utilisées lors des grandes étapes du projet. Pour la campagne de sensibilisation, la méthode du porte-à-porte ainsi que les médias ont été utilisés.
L’équipe du PASUB a compté sur un principe : la participation volontaire, soit un engagement personnel sans restriction. Les gens ont été encouragés à s’impliquer dans la démarche, sans procéder à des campagnes de recrutement.
Mode de communication
Le PASUB s’est attardé à certains détails pour faciliter la communication avec les acteurs locaux. L'équipe du PASUB a remarqué que, lors des rencontres à l’intérieur des ménages, en présence du chef de famille, la communication pouvait être plus difficile. La langue utilisée a également constitué un outil pour faciliter la communication. Il fallait s’adapter, lors des activités, à la langue parlée par les participants. La manière de parler a aussi eu un effet facilitateur. Les Burkinabés utilisent souvent les proverbes et les adages pour passer des messages. Ainsi, cette technique de communication a été préconisée.
Finalement, un obstacle communicationnel majeur – qui réside dans une caractéristique culturelle et sociale – a été difficilement surmontée par l’équipe du projet. Les liens de voisinage sont puissants au Burkina Faso. Ainsi, les participants étaient réticents à s’exprimer sur l’état des pratiques environnementales par crainte d'être obligé de dénoncer un voisin ou un membre de leur famille. Selon le coordonnateur du PASUB (communication personnelle), ce problème a entravé le flux des opinions lors des débats.
Structure de travail
Équipe de coordination
L'équipe de coordination est composée d'un coordonnateur municipal et d'une secrétaire-comptable. Ils s'occupent de l'administration du projet et de l'organisation des évènements. Ils s'appliquent également à négocier avec certains acteurs locaux pour qu'ils intensifient leur implication dans le projet. Il s'agit principalement d'un rôle d'appui et de facilitateur.
Structure de concertation
Les tâches des différents acteurs, comités et groupes de travail, sont identifiées à la Figure 3.
Figure 3 : Schéma de concertation au sein du PASUB
Rôle des différents types d'acteurs
À travers cette démarche, tous les grands types d'acteurs ont été impliqués: la société civile, les acteurs économiques, politiques et institutionels ainsi que des leaders naturels ayant la capacité de mobiliser.
Les acteurs de la société civile ont d’abord participé à l’élaboration du profil environnemental du Secteur 21. L’équipe du PASUB a organisé une assemblée générale dans chaque sous-secteur afin de créer un lieu de concertation et de débat. Lors de ces assemblées, les populations ont participé à certains exercices : l’établissement de l’état des lieux, l’analyse des problèmes vécus et la formulation de propositions et d’actions. Si le profil environnemental a été rédigé par un groupe technique, la population du Secteur 21 a participé à sa validation. Quinze représentants par sous-secteur ont été invités à la rencontre.
L’étape suivante, l’élaboration du projet pilote, a mobilisé des acteurs de la société civile à travers les groupes thématiques traitant des sujets prioritaires ressortant du profil environnemental. Les individus qui ont été introduits dans ces groupes ont été choisis en fonction de leurs activités dans la communauté et de leurs connaissances.
Pour la mise en œuvre du projet, le PASUB a de nouveau misé sur l’implication des populations. Les actions entreprises comportaient, entre autres, la création d’une Commission d’animation et de mobilisation. Composée de volontaires, hommes et femmes du Secteur 21, la Commission avait pour mission la sensibilisation des populations vis-à-vis de la salubrité et du cadre de vie ainsi que la vulgarisation des thèmes techniques en matière d’eau et d’assainissement. Les Groupements d’Intérêt Économique (GIE) et les associations de précollecte des ordures ont également été invités et encouragés à contribuer à l’amélioration de l’environnement urbain.
Finalement, le projet a mené à l’élaboration d’une stratégie communale de gestion des services urbains de base, basée sur les propositions faites lors des assemblées et réunions.
Acteurs économiques
Les acteurs économiques du Secteur 21 ont été considérés au même titre que les acteurs de la société civile. Par exemple, les gestionnaires industriels ont été responsabilisés. En contre partie, un gestionnaire a offert au PASUB des stocks d’anciens fûts d’entreposage pour en faire des poubelles. Les acteurs économiques ont été impliqués à toutes les étapes du projet : état des lieux, concertations publiques, recherche de solutions, mise en oeuvre.
Acteurs politiques
Dès le départ, des acteurs politiques de la Commune, soit le maire et conseillers municipaux, ont manifesté leur volonté politique relativement au projet et à ses résultats. Comme ils possèdent des capacités de mobilisation, certains d’entre eux ont été introduits dans la cellule légère de travail. Ils ont ensuite été conviés à participer à la concertation pour l’établissement et la validation du profil environnemental. Au moment de l’élaboration du plan d’action (Figure 2), leur présence dans les groupes thématiques a été primordiale.
Acteurs institutionnels
La première intervention concrète des acteurs institutionnels a été l’élaboration du profil environnemental. Un groupe technique a été formé de membres volontaires, qui cultivaient à la base un intérêt particulier pour les questions sur l’eau et l’assainissement. Des représentants des Services de la voirie, de l'assainissement et de l'hygiène, des représentants du MITH et du MECV, ainsi que des membres du Service de police, du domaine de la santé et de l’éducation qui avaient une responsabilité dans le Secteur 21 se sont joints au groupe technique.
Personnes ressources mobilisatrices
Les personnes ressources ont de fortes capacités de mobilisation auprès des citoyens. Elles comprennent des autorités religieuses et coutumières, mais également certains anciens, très respectés comme des notables, des chefs de famille, des fonctionnaires à la retraite, des commerçants, ont été impliqués, au début, dans la cellule légère de travail. Ils ont ainsi participé, auprès des élus et du Conseil municipal, aux premières initiatives de mobilisation des populations.
Par la suite, à titre de membre de la société civile, ils ont pu s’impliquer comme volontaires à d’autres étapes du projet, dans les activités de concertation ou dans la mise en œuvre du projet.
Suivi et évaluation
Il n’existe pas de structure officielle pour effectuer le suivi et l’évaluation du projet mis en oeuvre. Par contre, le coordonnateur a rédigé un rapport d’évaluation. Toutefois, tout au long du processus, les réflexions et les propositions ont fait l’objet d’un suivi. Elles ont été compilées et ont conduit à la rédaction de la stratégie communale de gestion des services urbains de base, stratégie intégrée aux différentes actions et investissements de la Commune.
Résultats
Acquis du projet
Au terme du projet pilote, l’équipe du PASUB a noté des acquis à plusieurs niveaux.
- Niveau de la réplication de la démarche : un des objectifs du projet était d’agir à titre démonstratif afin qu’il soit répliqué aux autres secteurs de la Commune. Puisque le projet pilote du Secteur 21 a été jugé satisfaisant, la Commune et l’équipe du PASUB procèdent actuellement aux premières étapes de réplication.
- Niveau de la population locale : une plus grande responsabilisation individuelle et collective a été observée dans la gestion des problèmes de l’eau et de l’assainissement.
- Niveau des services techniques : la démarche multidisciplinaire de résolution des problèmes a été acceptée et mise en œuvre de manière positive.
- Niveau des acteurs politiques : le Conseil municipal a manifesté une volonté politique pour introduire la nouvelle stratégie communale élaborée.
Le projet semble avoir répondu tant aux besoins des acteurs politiques, privés et institutionnels, qui nécessitaient une meilleure coordination quant à la gestion des services urbains de base, qu’aux besoins des populations qui souhaitaient voir s’améliorer la qualité de leur cadre de vie.
Facteurs de succès et difficultés vécues
Certains facteurs de succès sont reconnus par les acteurs :
- le caractère intégré, communautaire et multidisciplinaire de la stratégie ;
- l’existence d’une cellule de pilotage dynamique ;
- la disponibilité des responsables des services concernés et leur adhésion à la philosophie du projet ;
- l’existence d’un tissu associatif dynamique.
Certes, nombre de difficultés ont été rencontrées. La visite terrain, les entrevues et les documents consultés nous ont permis d’en identifier au moins cinq.
- Évolution des mentalités : difficulté à modifier les mauvaises pratiques trop profondément ancrées, comme l’utilisation des caniveaux pour se débarrasser des déchets solides ou le déversement des eaux usées sur les voies publiques.
- Engagement des populations : la vétusté des équipements et du matériel a causé un ralentissement notable dans l’exécution des activités communautaires de collecte. Cela a créé un effet de désengagement des populations qui ont préféré jeter leurs déchets sur des tas sauvages de détribus plutôt que de s’abonner au système d’enlèvement.
- Moyens techniques et financiers : passer de la traction animale à la motorisation pour le transport des ordures est difficile puisque les moyens financiers sont très limités, car la traction animale pose certains problèmes (faibles capacités de chargement, hausse du taux de mortalité des ânes).
- Approche par ménage : la complexité de l’organisation familiale et des ménages rend parfois difficile l’effort de diffusion et de sensibilisation. Dans certains cas, plusieurs ménages partagent une même parcelle. Dans ces cas, la décision concernant l’abonnement aux services municipaux ne relève pas des chefs des ménages, mais bien du chef de la cour. Cette décision peut aller à l’encontre des opinions des ménages qui partagent la parcelle.
- Rapports avec les acteurs politiques : en période de transition électorale, le projet peut devenir un enjeu politique. Lors des élections qui ont eu lieu en 2005, le projet a subi des tentatives de discrédit par certains partis politiques. À la suite du changement de parti, le travail de mobilisation et de sensibilisation des acteurs politiques a été à refaire. Cela a causé un ralentissement de l’exécution du projet.
Défis à venir
Un premier défi concerne la relève pour la coordination du projet. Comme le coordonnateur du PASUB est présent depuis le début du projet (2003), il est considéré comme le responsable de toute la démarche. Cela pose donc la question de la pérennité et de la continuité à la suite d'un départ éventuel (Coordonnateur du PASUB, communication personnelle).
La réplication du projet dans les autres secteurs de la Commune représente également le deuxième défi de taille. Les premières étapes de réplication ont déjà révélé certaines difficultés reliées aux caractéristiques économiques, sociales et culturelles spécifiques des autres secteurs. Par exemple, les différents comités de travail nécessitent l’implication d’autres types d’acteurs clés. L’équipe du PASUB est consciente que le projet ne pourra être répliqué sans être adapté à chaque milieu (Coordonnateur du PASUB, communication personnelle). Finalement, le projet pilote du Secteur 21 a permis de définir des difficultés spécifiques reliées au changement des mentalités, à l’engagement des populations, à la disponibilité des moyens techniques et financiers, à l’application de l’approche par ménage et aux enjeux politiques.
Tant pour l’équipe de coordination que pour la Commune de Bobo-Dioulasso, la consolidation des acquis et la connaissance des défis permettent toutefois d'entrevoir une perspective prometteuse pour le rehaussent de la qualité de vie des populations.
Comment citer ce texte ?
Cormier, A. (2009). « Rehausser la qualité de vie et offrir des services urbains de base dans un pays en développement : le projet de développement durable et viable de la Commune de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) ». Dans GAGNON, C. (Éd) et RIFFON, O. (en collab. avec). Guide québécois pour des Agendas 21e siècle locaux, [En ligne] http://www.demarchesterritorialesdedeveloppementdurable.org/17570_fr.html (page consultée le jour mois année).
Pour aller plus loin...
Konaté, Y. (2006) Projet d’amélioration de services urbains de base (PASUB) Bobo-Dioulasso, Secteur 21, Rapport final, Burkin Faso, 163 p.
Partenariat pour le Développement Municipal (PDM) (2003) État de la décentralisation en Afrique, Observatoire de la décentralisation, Karthala, Paris et PDM, Cotonou, 357 p.
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Human Development Reports : 2007-2008 Burkina Faso.
Sites Internet
Encyclopédie de l’état du monde.
Dernière modification: 8 octobre 2013